L’armée camerounaise est de nouveau sur le gril. Elle est accusée par l’ONG Human Rights Watch (HRW), dans un rapport publié ce jeudi 3 février 2022, d’avoir à nouveau orchestré des tueries dans la région du Nord-Ouest au cours du mois de décembre 2021. Les Forces de défense et de sécurité camerounaises auraient, selon cette organisation, tué au moins huit personnes et incendié des dizaines de maisons et de magasins au cours de trois opérations militaires distinctes dans la région du Nord-Ouest en décembre 2021. Et que l’on compte parmi les victimes, trois enfants, deux femmes et un homme âgé.
Huamn Rights Watch révèle que la première a eu lieu le 8 décembre 2021, et qu’en réponse à une attaque d’un convoi militaire par des guerriers séparatistes, « des soldats ont tué deux adolescents âgés de 16 et 17 ans ainsi qu’un homme de 70 ans, et ont brûlé au moins 35 maisons et magasins appartenant à des personnes privées le long de Mbengwi Road (route Mbengwi) à Bamenda, la capitale de la région du Nord-Ouest », rapporte-t-elle dans son rapport.
Ensuite, la deuxième attaque a eu lieu le 10 décembre, et a été perpétrée par des soldats du Bataillon d’intervention rapide (BIR), qui ont engagé des perquisitions d’une série de maisons dans le village de Chomba, à environ 10 kilomètres de Bamenda, dans une zone tenue par les séparatistes. « Les soldats ont rassemblé environ 80 habitants sur la place du village, les ont accusés d’abriter des combattants séparatistes et les ont menacés de mort. Les soldats ont fait disparaître de force quatre villageois, dont deux femmes, au cours de ce raid. Ces quatre personnes ont été retrouvés mortes le 29 décembre, apparemment touchées par balle à la tête
», indique HRW. Et de renchérir : « Le 22 décembre, suite à une attaque présumée menée plus tôt dans la journée par des combattants séparatistes armés, des soldats ont tué par balle une fillette de trois ans et blessé une jeune fille de 17 ans dans le quartier de Ngomgham à Bamenda».
L’ONG indique en outre qu’elle a entrepris des enquêtes et a procédé à l’analyse des images satellitaires, qui ont révélé d’importantes exactions de l’armée, dont les dégâts suscités. Elle nous apprend également que ces informations ont été partagées avec le porte-parole de l’armée, le capitaine de vaisseau, Cyrille Serge Atonfack Guemo, en sollicitant une réponse de l’armée, mais qui jusqu’à la publication du rapport n’avait toujours pas réagi.
HRW exige par ailleurs que des poursuites judiciaires soient engagées contre les auteurs de ces actes, puis qu’ils soient traduits en justice pour répondre de leurs actes. « Les meurtres de civils, notamment d’enfants, sont des crimes graves qui devraient faire l’objet d’enquêtes crédibles et indépendantes, et dont les responsables devraient rendre des comptes », a déclaré Ilaria Allegrozzi, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch.
Il y a deux ans, l’armée avait également été accusée d’exactions sur des civils dans des massacres à Ngarbuh toujours au Nord-Ouest, lesquels avaient coûté la vie à une vingtaine de personnes.