Cette déclaration, il l’a faite lors du Forum des leaders des médias sur le discours haineux, qui s’est tenu le 28 avril 2023 à Yaoundé, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée le 3 mai dernier. Les plus grandes manifestations sont notamment la propagande, l’incitation à la violence et les menaces affichées et partagées par les principaux acteurs (influenceurs) au sein des groupes de médias sociaux. A sa suite, le directeur du Rainforest Center for Policy Research, Eugene Nforngwa, poursuit la réflexion en prenant comme morceaux choisis les injures proférées contre les autorités publiques et les personnalités politiques. Ou encore la stigmatisation de la diaspora durant la période du covid-19.
Pourtant, l’espoir est permis. « En tant qu’organisation travaillant sur la consolidation de la paix et la prévention des conflits à travers les médias numériques, nous avons vu comment les discours de haine peuvent alimenter la violence et la division dans la société. Nous avons également vu comment les médias peuvent être une force pour le bien, en promouvant le dialogue, la tolérance et la compréhension mutuelle. Grâce au projet #defyhatenow, nous souhaitons donner aux acteurs des médias et aux citoyens les moyens d’utiliser les médias numériques pour un changement social positif », laisse entendre Desmond Ngala.
Dans un contexte où Internet et les médias sociaux gagnent du terrain, une telle formation vient à point nommé. « La liberté est la base de la démocratie. Mais, les fausses informations peuvent détruire non seulement des personnes, mais aussi des groupes ethniques, religieux…Elles sont aussi capables de détruire une société et la liberté de la presse. Les professionnels des médias doivent donc lutter contre la propagation des fausses nouvelles. Je suis très contente que notre gouvernement soutienne activement ce projet », a confié l’ambassadeur d’Allemagne au Cameroun, S.E. Corinna Fricke. Le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères accompagne d’ailleurs ce projet de promotion de la paix au Cameroun.
Les journalistes doivent faire preuve de professionnalisme dans leurs productions
Face à l’agressivité « croissante » observée sur les plateformes de médias sociaux, quelque chose doit être fait pour consolider la paix et l’harmonie intercommunautaire. Ce qui passe par un équilibre entre la liberté d’expression et l’incitation à la haine dans les médias. « Nous pensons que la liberté d’expression est essentielle pour façonner l’opinion publique, influencer le changement social et faire progresser la démocratie. Nous devons donc veiller à ce que les médias soient libres, diversifiés, pluralistes et responsables. Nous devons également nous attaquer au phénomène croissant des discours de haine dans les médias, qui peuvent nuire à l’harmonie sociale et à la paix », estime Eugene Nforngwa. Il est d’avis que les salles de rédaction puissent développer un environnement favorable pour diffuser des messages de paix et de cohésion sociale, plutôt que de créer un climat de peur et de discrimination.
Même son de cloche pour les pouvoirs publics qui ont pris la question à bras-le-corps en créant un point focal chargé de la lutte contre les discours de haine à travers les médias au ministère de la Communication. « Le ministère accompagne les initiatives comme celles-ci pour marquer de ce que de tels agissements sont inadmissibles dans l’espace public et même ailleurs. Le ministère entend, chaque fois que l’occasion se présentera, de rappeler que l’on ne saurait fustiger un groupe du fait de son identité. À tout moment, il faut combattre ce phénomène pour le réduire à sa plus simple expression parce qu’il s’agit d’un risque majeur pour la paix sociale et l’équilibre qui règne dans notre société », explique Ghislain Ayina Nyassa, point focal discours de lutte contre la haine au ministère de la Communication.
La déclaration des leaders de médias révèle l’engagement de ces derniers à toujours faire preuve de professionnalisme dans l’information et l’éducation du public ainsi que la promotion du dialogue, de la tolérance et de la compréhension mutuelle entre les différents groups et communautés. Le respect de la diversité des points de vue et la création d’un espace de débat constructif fait également partie de l’engagement des professionnels de médias. Toutes choses qui peuvent contribuer à bâtir une société camerounaise plus pacifique, inclusive et démocratique. Le forum s’est tenu sur le thème : « Défendre la liberté d’expression et lutter contre les discours haineux dans les médias : trouver un équilibre ».