Tous vêtus d’un costume cravate, ces députés et sénateurs, le dos tourné à l’Assemblée nationale ont expliqué que le couvre-feu en vigueur dans le pays de 21 heures à 5 heures du matin ainsi que toutes les autres mesures contre le Covid 19 sont illégales.
A l’origine, l’inexistence, selon eux, du décret de promulgation de l’ordonnance prorogeant les mesures d’urgence sanitaire dans le cadre de la lutte et la riposte contre le Covid 19.
- Nous avons demandé au Conseil d’Etat de déclarer, pour défaut de base légale, nulles ces mesures et de les lever », a tonné devant la presse le porte parole de ces parlementaires, Jean Robert Gouloungana, député du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) du 3ème siège du département de l’Ogooué aval, province du Moyen Ogooué.
Selon ces parlementaires, en août 2021, le président de la République a pris l’ordonnance prorogeant les mesures d’urgence sanitaire dans le cadre de la lutte et la riposte contre le Covid 19. L’Assemblée nationale et le Sénat ont voté la loi de ratification de cette ordonnance en novembre 2021.
- Plus de 60 jours après cette loi de ratification n’est toujours pas promulguée par le chef de l’Etat. Il n’y a pas de décret de promulgation de cette loi », a déploré cet ancien représentant du Gabon aux assemblées parlementaires ACP-UE en Belgique.
Selon la loi, les ordonnances prises pendant l’inter session doivent être ratifiées dès la prochaine session parlementaire. Le président de la République a 25 jours pour promulguer la loi de ratification.
- Ceci veut dire qu’il y a, selon nous, un vide et c’est pour cela que nous avons saisi le Conseil d’Etat pour lui faire constater que le président de la République n’a pas promulgué la loi de ratification qui lui permet de maintenir les mesures d’urgence sanitaires qui sont en vigueur. En particulier le couvre-feu et les autres mesures. Toutes ces mesures en vigueur sans une base légale », a-t-il insisté.
Par ailleurs, les mesures sont valables 45 jours. Au bout de cette durée, le gouvernement doit retourner au parlement s’il veut reconduire lesdites mesures, a-t-il rappelé.
- L’Etat de droit (…) est violé par l’inaction, par la carence du gouvernement », a-t-il cogné.
- Pour nous les mesures qui sont en vigueur n’ont pas lieu d’être. Nous espérons que le Conseil d’Etat donnera une réponse rapide à notre requête demandant la suspension de toutes ces mesures qui ne se font plus sur une base légale », a martelé le député Gouloungana.
Avant de s’adresse à la presse, ces opposants affirment avoir procédé à toutes les recherches nécessaires pour savoir si le texte de promulgation de l’ordonnance existe bien au journal officiel ou dans un journal d’annonce légale. « Nous n’avons trouvé aucune trace », a-t-il dit précisant que ces parlementaires ont introduit un « référé administratif ».
- Nous espérons que le Conseil d’Etat doit se prononcer rapidement », a espéré le député qui parlait au nom de toute l’opposition parlementaire.
La politique du gouvernement en matière de lutte contre la pandémie du Covid 19 est très critiquée. Le pays vit sous un régime étouffant de couvre-feu (21h-5h), limitation stricte du nombre de personnes dans les transports en commun qui a provoqué une hausse vertigineuse du prix du taxi, test et laissez passer obligatoire pour sortir du grand Libreville pour les personnes non vaccinées, obligation d’un pass-sanitaire pour aller à son poste de travail (surtout dans le secteur privé)…
La société civile réunie au sein du COPIL Citoyen est le fer de lance de cette protestation. Elle a déjà obtenu l’annulation par la Cour constitutionnelle de deux arrêtés du gouvernement souhaitant surtaxer (20 000 FCFA) le test Covid jusque là gratuit…
Selon un ministre, la nouvelle stratégie du gouvernement est de sortir des tests de masse au profit de la vaccination de masse.